Les Guardias Indígenas de COSHICOX protègent leurs territoires de vie contre les ‘invasions coloniales’ des mennonites en Amazonie péruvienne

Les Guardias Indígenas de COSHICOX protègent leurs territoires de vie contre les ‘invasions coloniales’ des mennonites en Amazonie péruvienne

Depuis plusieurs années, le système des Guardias Indígenas des communautés Shipibo-Conibo (COSHICOX) en Amazonie péruvienne assure le suivi, la surveillance et la résistance aux menaces croissantes qui pèsent sur les communautés locales. Les communautés ont été envahies par des pêcheurs commerciaux, des exploitants forestiers illégaux, des trafiquants de terres, des trafiquants de drogue et des communautés étrangères telles que les Mennonites qui s’approprient les terres de la même manière que dans le cadre d’une expansion coloniale. Moins de huit ans après que les premières familles du groupe religieux mennonite ont commencé à occuper irrégulièrement les territoires ancestraux des Shipibo-Conibo, les Mennonites ont défriché au moins 4 000 hectares de forêt sans permis de modifier le paysage ou d’exploiter la forêt.

Les agressions contre les communautés sont de plus en plus graves et certains projets agricoles mennonites sont soutenus par la police locale et appuyés par la Direction régionale de l’agriculture. Par exemple, la communauté de Caimito est bien connue pour avoir été à la pointe de la lutte contre une zone de conservation imposée par le gouvernement. Au cours de l’été 2023, Caimito a été attaquée par les Mennonites avec des machines lourdes qui ont abattu des arbres et défriché la forêt tropicale. Dans cette vidéo, vous pouvez voir comment la police accompagne les mennonites et les soutient lorsqu’ils sont confrontés à la Guardias Indígenas qui leur bloque le passage.

En 2023, de nombreux membres de la communauté et leurs alliés continuent de manifester pacifiquement pour exiger la fin de l’invasion mennonite de leur territoire. Une mobilisation de quatre jours a eu lieu en août 2023 après que des représentants des peuples autochtones Shipibo Conibo, Ashaninka et Asheninka ont signé la déclaration de Masisea.  Cette déclaration exige que le gouvernement péruvien et la communauté internationale prennent des mesures pour garantir les droits de propriété territoriale des peuples autochtones de l’Amazonie péruvienne et pour mettre un terme à l’accaparement des terres par les Mennonites et à l’exploitation de la forêt tropicale par les bûcherons illégaux et les trafiquants de drogue.

En 2021, la Fondation Feyerabend a accordé un premier petit soutien à l’initiative de l’organisation indigène COSHIKOX qui a officiellement créé ses Guardias Indígenas pour protéger ses territoires de vie. Les Guardias Indígenas et les membres des communautés locales sont toujours actifs et ne reculent pas : après la première incursion mennonite, ils continuent de protester, de bloquer le passage et de camper jour et nuit à la frontière de leurs territoires pour empêcher toute nouvelle arrivée d’étrangers. En représailles, la police a commencé à enquêter sur les membres de la communauté !  De plus, au lieu de célébrer le travail autonome des Guardias Indígenas de Caimito pour mettre fin à la pêche commerciale illégale dans leur lagune, la police insiste pour démanteler leurs efforts.

Tous les détails de la mobilisation des communautés autochtones et paysannes contre les Mennonites se trouvent sur deux nouvelles plateformes Internet conçues en 2023 pour informer tout le monde de ce qui arrive au peuple Shipibo-Conibo et étendre leur réseau de soutien international. En juin 2023, de nouveaux Guardias Indígenas ont prêté serment dans quatre autres communautés. Ces communautés, dont chacune possède une lagune importante, sont en train de créer des zones écologiques autogouvernées et autogérées. L’Institut de défense juridique les accompagne dans ce travail, qui est nécessaire car le gouvernement péruvien criminalise et réprime malheureusement les personnes qui réclament pacifiquement la justice et le respect des territoires autochtones, ainsi que leurs droits à vivre dignement en tant que peuples. Le gouvernement ne se prive même pas de présenter des accusations inhabituelles de ‘crime organisé’ contre ceux qui protestent pacifiquement contre les impositions et même les assassinats de défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement.

En 2023, la Fondation Feyerabend a décidé d’offrir une seconde aide urgente pour soutenir les Guardias Indígenas de COSHICOX avec du matériel divers, du carburant, des frais de transport et des conseils juridiques. La Fondation remercie les Guardias Indígenas pour leurs efforts courageux et précieux en faveur de la conservation de la nature et d’une vie durable et digne – loin des projets sur papier qui absorbent d’importantes ressources financières mais disparaissent face à la colonisation illégale par des groupes bénéficiant d’importants appuis politiques.

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